Rencontre avec Tsukasa Hojo, créateur de « Cat’s Eye » et « Nicky Larson »


 Tsukasa Hojo à Paris, en 2010.

Des buildings vertigineux. Des néons qui donnent du relief, de la beauté même, à la vie nocturne festive et interlope du centre de Tokyo, dans les années 1980. Une foule consumériste, ivre de modernité, qui se mélange à la pègre locale dans les ruelles et les établissements de nuit. Le quartier Shinjuku de Tokyo est irrémédiablement lié au manga de Tsukasa Hojo, invité d’honneur de Japan Expo qui se tient jusqu’au 16 juillet au Parc des expositions de Paris Nord, à Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Ces paysages urbains, écrins des séries phare de Tsukasa Hojo, Cat’s Eye (1981-1985, éditions Panini, 2008-2010) et City Hunter (1985-1991, éditions Panini) – rebaptisée Nicky Larson en France lors de son passage dans le programme pour enfants « Club Dorothée » – , ont façonné l’image de Tokyo qu’ont les Français. Devenues cultes pour les quadragénaires, les deux séries animées se sont fait une place dans la culture populaire hexagonale : un film Nicky Larson a été réalisé en 2019 par Philippe Lacheau, et TF1 a récemment annoncé la production d’une série Cat’s Eye made in France en prise de vues réelles.

Quand Tsukasa Hojo, mangaka débutant de 20 ans, commence à raconter Shinjuku, ce n’est pas tant que le quartier le fascine : c’est surtout que « comme la majorité des Japonais, c’est le seul qu’[il connaissait] avant de s’installer à Tokyo », explique-t-il au Monde. Tsukasa Hojo, tout sourire et regard malicieux derrière les lunettes noires posées sur son nez, a grandi pourtant bien loin de ces néons, sur une autre île de l’archipel, à Kyushu. L’imagination de M. Hojo – né en mars 1959 dans une famille modeste –, prend racine non dans le manga mais dans les films, notamment de science-fiction et étrangers, qui passent au cinéma, et dans l’animation, diffusée elle à la télévision.  « Je viens d’une génération où les parents, particulièrement les miens, étaient contre l’idée qu’on lise des mangas ». Qu’ont pensé ses géniteurs de son choix de carrière ? « Ils se sont résignés », lâche-t-il avec un petit haussement d‘épaules.

« Devenir mangaka n’est pas une vocation chez lui, et il n’en connaissait même pas les formes exactes ni les codes à cette époque », écrit Pierre-William Fregonese dans son livre Forever Tsukasa Hojo. Portrait du père de City Hunter (Pix’N Love éditions, 2020) tout en précisant qu’il dessinait toutefois depuis la maternelle. « Les mangas de Tsukasa Hojo possèdent un style qui était jusqu’alors inédit dans les pages du [Weekly] Shonen Jump », explique Hiroki Goto, lui-même directeur de 1986 à 1993 du prestigieux magazine, dans son livre Jump. L’âge d’or du manga (Kurokawa, 2019).

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